Alors que la version 7 de Firefox est sortie hier, beaucoup de personnes s’étonnent de la fréquence effrénée des mises à jours depuis le début de l’année. Avant, nous avions droit à une version majeure tous les ans. Le rythme est beaucoup plus soutenue mais la quantité de nouveautés par version diminue. C’est le Rapid Release Process qui a été introduit au courant de l’année : une nouvelle version toutes les 6 semaines environ.
Du coup, je me pose une question : quid des entreprises qui veulent déployer Firefox ?
Google n’est pas en reste : après quelques vérifications sur Wikipedia, il semblerait que Chrome en soit à la version 13 (en moins de 3 ans).
La course aux navigateurs existe encore, mais les rôles ne sont plus les mêmes qu’il y a 5 ans. Pour le mois d’août 2011, les parts de marchés suivantes ont été annoncées :
- 41,89% pour Internet Explorer (en baisse),
- 27,49% pour Firefox (stationnaire),
- 23,16% pour Chrome (en hausse),
- 5,19% pour Safari (stationnaire),
- 1,67% pour Opera (stationnaire).
Parts de marché des navigateurs web en août 2011 | Source.
J’utilise exclusivement Firefox depuis 2005 : j’avais expliqué mon choix dans un article datant d’avril 2005 (un des plus vieux du blog).
Jugez un peu de la fréquence de mise à jour de mon navigateur préféré :
Dates de sorties des différentes versions de Firefox
Revenons à nos entreprises…
À chaque sortie de version, la précédente n’est plus supportée : les entreprises seraient tenues de se mettre à jour beaucoup plus rapidement, mais ce n’est pas toujours possible.
Pour les PME, pas de soucis : en général, il n’y a pas vraiment de systèmes de déploiement ni de validation des applications. Mais pour les autres ? De plus en plus d’applications métiers (je le vois dans les banques) sont disponibles sur une base « web » : les process de validation durent longtemps (surtout s’ils suivent des procédures ITIL), souvent plusieurs mois. Que se passe-t-il alors avec un Rapid Release Process ? Il n’est plus possible de tester assez rapidement…
Après quelques recherches, j’ai retrouvé des « remarques » (pour ne pas dire des plaintes) de responsables chez des grands comptes (EDF, IBM, etc.), par ici ou là notamment.
Un exemple pour IBM (source):
I have 500,000 corporate users on Firefox 3.6. We just completing a test cycle of Firefox 4 on many thousands of internal business web applications. Many hundreds of application owners and their test teams have participated. We gave them several months to ready themselves. [...] I’m now in the terrible position of choosing to deploy a Firefox 4 release with potentially unpatched vulnerabilities, reset the test cycle for thousands of internal apps to validate Firefox 5 or stay on a patched Firefox 3.6.x. By the time I validate Firefox 5, what guarantee would I have that Firefox 5 won’t go EOL when Firefox 6 is released?
Suite à toutes ces réactions, Mozilla a annoncé la création du Mozilla Entreprise User Working Group qui doit plancher sur les problématiques de l’utilisation en entreprise.
La réflexion a déjà avancée : une proposition de version nommée Extended Support Release a été faite par le Mozilla Entreprise User Working Group. Cette version, plutôt destinée aux entreprises, et dont le support devrait être porté à 42 semaines (soit 12 cycles) sera introduite à partir de Firefox 8 ou 9.
Firefox Extended Support Release (ESR) : fréquence des sorties
Je suis conscient que mon avis importe peu, mais je pense que cette histoire de Rapid Release Process n’est pas une bonne idée…ou alors les releases sont trop rapprochées dans le temps. Je n’ai pas envi de me demander si toutes mes extensions fonctionneront encore le mois prochain !
Même avec une version Extended Support Release où le support est porté à 42 semaines, les entreprises seraient tentés de ne pas/plus l’utiliser. Point important : il ne faut pas oublier que les utilisateurs sont conditionnés par leurs environnements de travail sur lequel ils passent la majeure partie du temps de leur journée. Si M. Machin utilise Firefox en journée, il sera plus tenté de l’installer chez lui par réflexe/habitude. Si Firefox est mis de coté dans les entreprises, un phénomène de glissement s’opérera vers les particuliers.